Des ténors du prétoire font le procès des algorithmes

Lausanne :À travers une mise en scène inspirée des tribunaux, de vrais magistrats croisent le fer pour sensibiliser le public aux travers du web.

Par Flavienne Wahli Di Matteo pour 24 heures

«Algorithmes, levez-vous!» Ces calculs invisibles qui pilotent nos navigations hasardeuses sur le web sont-ils si innocents qu’on veut bien le croire? Pour le savoir, il faudra assister à leur procès, en l’occurrence un procès surréaliste, mis en scène au Casino de Montbenon fin septembre. Dans ce faux tribunal, de vrais ténors des prétoires s’affronteront pour juger Tristan, étudiant sans histoire, amené à poser une bombe place Saint-François, après s’être laissé absorber dans une succession de vidéos suggérées.

En coulisses de ce divertissement théâtral délibérément caricatural se cache l’ONG lausannoise Empowerment Foundation, engagée pour le développement d’une technologie au service de l’humanité. «Notre but est d’attirer le public vers un événement divertissant pour le faire réfléchir à des sujets qui ne le mobiliseraient pas forcément s’il s’agissait d’une conférence ordinaire», note Charles Foucault-Dumas, son directeur.

L’occasion sera unique de s’intéresser aux travers de la Toile tout en savourant les plaidoiries de Marc Bonnant et la verve des présidents du Tribunal de Lausanne Katia Elkaïm et Alexandre Feser, respectivement dans les robes de présidente de la Cour et de procureur.

Pour éclairer leur jugement, plusieurs sommités seront amenées à analyser les mécanismes par lesquels la technologie affecte le libre arbitre. Paul-Olivier Dehaye, mathématicien, protagoniste du scandale Facebook Cambridge Analytica, Johan Rochel, docteur en droit et philosophe, et David Delmi, expert de la confiance numérique. «Notre rapport à l’algorithme est le même qu’à un outil, mais en réalité il n’est pas neutre, divulgue déjà Charles Foucault-Dumas. Il a les intentions de celui qui l’a programmé! Et, même développé avec de bonnes intentions, il peut devenir amoral.»